Abattus ?
14.11.2015
Impossible de trier. Impossible de trier les mots qui envahissent ma tête. Les ennemis intérieurs, portés par une colère noire. Des mots de rage, de vengeance, à une syllabe de l’acte. Des balles à bout portant pour mon coeur fatigué, sidéré, incrédule, consterné. Impossible de trier, c’est un truc de nazi, ça. Il est aujourd’hui difficile de ne pas succomber, de tenir à bout de bras, dans son for(t) le plus intérieur, une humanité chancelante. Et pourtant.
Aboyer entre chiens et loups ne ramènera personne. Pire. Ce serait ajouter du bruit au vacarme terrible des sirènes, des prêches nauséabonds, des rumeurs de lynchage et des promesses de guerre totale. Participer à l’horreur dans son plus radical absolu : les meurtres au hasard.
Hurler avec les singes crieurs et basculer dans la barbarie ? Tentant. Profaner des messages sacrés avec un regard d’illettré ? Pourquoi pas. Tirer dans le tas, aussi, avec le discernement d’un missile intercontinental ? Se laisser sombrer dans les vagues à l’arme d’un esprit simple qui ne comprend pas ?
Bref.
Personnellement, je vais chuchoter. Je vais chuchoter parce que j’entends les bergers allemands venir pour le festin, j’entends les fous brailler à la face des dingues qui eux, aiguisent leur lame, j’entends les satellites qui se braquent, les brasiers qui crépitent, j’entends les portes qui se verrouillent, les rumeurs qui se répandent et surtout, j’entends la peur, mère de toutes les violences.
Je vais chuchoter, je vais me taire, même, alors que les morts nous intiment à tous
de fermer nos gueules,
de tenir debout.
J’ai eu de vos nouvelles, mes amis, je vous ai vu passer sur un fil Facebook, je vous sais là, vivants, je vous aime, ne sombrez pas. On explique ce matin à ceux qui dansaient hier encore que la chasse est ouverte. Qu’ils sont au milieu de battues dont nul ne sortira indemne. A ces lignes de front mouvantes, nous pouvons opposer une humanité en équilibre et bien ancrée dans la terre.
Une once de haine et c’est les tarés qui gagnent. C’est vrai, la guerre est déclarée. Elle se joue dans nos âmes. Il va falloir lécher nos plaies et nous garder des meutes. Se reposer un peu dans dans la sérénité et la décence d’un long silence. Prendre du recul, de l’élan, donc.
Be good, love,
Lo.